Plus libre et flexible qu’en Golf GTI
Salut Felix, qui est-tu et que fais-tu ?
Je suis conseiller bancaire et diplômé d’informatique d’entreprise. Mais le rôle d’employé ne me convient pas. Je travaille donc en tant que photographe de mode et mannequin indépendant, mais je suis également un coureur cycliste passionné.
Ne le sommes-nous pas tous aujourd’hui ?
Ah, oui, tu as raison, depuis la pandémie, on a l’impression que le nombre de cyclistes à doublé, et le marché le confirme. C’est toujours très difficile de mettre la main sur des vélos ou pièces très demandées. Je fais du vélo de course depuis mon enfance. Pendant les vacances d’été, nous avons souvent été aux Alpes d’Huez voir le Tour de France, et cela m’a passionné. J’ai roulé de nombreuses années en club, ai accompagné le Tour du Sénégal comme mécanicien pour Embrace The World ou participé à des courses au Congo et au Kenya.
Qu’y as-tu appris ?
Que dans le sport professionnel, le métier de mécanicien de vélos est un métier très dur. Mais je suis heureux d'avoir tenté l’expérience. Les tours NGO permettent aux cyclistes d'Érythrée ou du Kenya d’accéder à de nouveaux univers de vie. L’équivalent des 3 000 € qu’ils reçoivent pour ces courses leur ouvre de nouveaux horizons. Pour les européennes et européens qui les accompagnent, c’est un excellent entraînement et un réel échange culturel.
Donc, tu es un coureur professionnel ?
J’aurais peut-être pu le devenir. J’ai arrêté pendant quelques années pour faire la fête, travailler comme mannequin et profiter de la vie. Si on quitte ce sport à 18 ans, on ne peut plus vraiment rattraper le temps. J’ai travaillé pendant quelques temps en tant que mannequin en Australie. À cette époque, j’ai couru contre des professionnels tels que Caleb Ewan, Chris Sutton ou Cadel Evans. Aujourd’hui, je m’entraîne beaucoup à Majorque – je fais environ 26 000 km par an.
Tu roules uniquement à vélo de course ?
Nous, j’utilise un vieux vélo Kettler en aluminium de mon père. On m’a volé tant de vélos à Hambourg que j’ai fini par opter pour un vélo classique sans valeur. Lorsque je travaille en tant que photographe pour des clients en ville, j’utilise le vélo. Si j’ai besoin de plus de matériels, je prends ma vielle Volkswagen Vento. Mais là, un plein me suffit pour six à huit semaines.
Quel est ton lien avec muli ?
J’ai découvert muli par le biais de Tim Kaiser. Je partage avec lui un Studio dans lequel j’ai installé notamment mon labo photos analogique. Tim collabore depuis quelques temps déjà avec muli et vient de faire les nouvelles photos pour le site Internet. Pendant des semaines, le studio était encombré par les muli. J’aime beaucoup ces vélos et ce qu'ils représentent. Lorsque Tim m’a demandé si je voulais participer à un shooting photo, j’ai acquiescé immédiatement.
Crois-tu en la transition de la mobilité ?
J’habite tout près de la place Stephansplatz, le long de l’une des principales artères de circulation de Hambourg. En été, c’est insupportable lorsque les conductrices et conducteurs d’AMG font péter leurs pots d'échappement en pleine nuit. C’est incroyable combien de place nous cédons dans notre société aux voitures garées la majeure partie du temps. Mais oui, les choses évoluent. Dans le cadre de la mobilité électrique et de la hausse des prix des carburants, les gens commencent à changer d’attitude. J’ai moi-même écrit une thèse de maîtrise sur les solutions de mobilité par partage. Certaines villes comme Helsinki ont réussi à combiner toutes les offres de circulation dans une appli, de sorte qu’un clic suffit pour déterminer le trajet le plus rapide, écoresponsable ou économique. C’est ce que nous devons mettre en application.
Comment relever ce défi ?
De manière automatique. Quand j’étais enfant, les jeunes voulaient rouler en Golf GTI avec plein de chevaux sous le capot. Aujourd’hui, nous sommes adultes, avons pour certain des emplois rémunérateurs et avons les moyens de nous acheter des grosses voitures confortables. Mais nous ne le faisons pas. C’est un bien plus grand luxe de pouvoir se déplacer librement et sans contraintes. Les jours de la voiture comme symbole de réussite sont révolus en Europe. Les villes deviennent plus calmes et plus conviviales. C’est à cela que je crois.
La voiture est-elle en fin de vie en Europe ?
Certainement en sa qualité de symbole de la réussite sociale. Du moins, c’est ce que je ressens ici en Europe de l’ouest. En Chine, qui voit actuellement l’émergence d’une importante classe moyenne, les achats de voitures explosent. Et dans les agglomérations en cabanes de pisé du Kenya, j’ai appris que celui qui a de l’argent s’achète un vélo. Celui qui a plus d’argent s’achète une mobylette, et celui qui a encore plus d’argent une voiture. Mais c’est compréhensible. Heureusement, dans mon entourage, la valeur accordée aux biens matériels s’estompe.
Mais tu gardes la Vento ?
Oui, j’ai tenté l’expérience des offres de partage pendant un certain temps – mais les coûts d’opportunités sont élevés lorsqu’on est obligé de déplacer beaucoup de matériel. L’essentiel, c’est le mélange de mobilité. J’utilise presqu’exclusivement mes vélos. Utiliser la vielle Vento jusqu'à ce qu’elle ne puisse plus, ça aussi, c’est écoresponsable.
Tes idées pour accélérer la transition de la circulation ?
1 € de forfait de navette pour le vélo. Et quelqu’un doit piquer leurs clés aux débiles en AMG.
Merci pour cette discussion !
Outre ses activités comme photographe et mannequin, Felix exploite le labo photo analogique SPIEKER Film Lab à Hambourg. spiekerfilmlab.de | instagram.com/spiekerfilmlab/